Congo-Brazzaville : Femme, quelle destinée ?

Article : Congo-Brazzaville : Femme, quelle destinée ?
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16 mai 2017

Congo-Brazzaville : Femme, quelle destinée ?

Etre femme hier et aujourd’hui semble être une pièce de théâtre déjà jouée.
On dirait que la femme ne fait que réaliser les ambitions des autres. Comme si elle existait uniquement pour répondre aux attentes des autres, souvent énormes, et pour (se) prouver qu’elle est parfaite.

Image de Pixabay

Ce point de vue est le mien, il vient de mon observation de la société, mais aussi des sociétés, autres que la mienne que j’ai été amenée à observer. Bien sûr, je ne nie pas le fait que plusieurs femmes dans toutes ces sociétés se battent et réussissent, tant bien que mal, à se défaire de ce « destin » tracé d’avance

Oh que je déteste ce mot, « destin ». Parce qu’il traduit bien la vie peu enviée des femmes. C’est comme si tout est déjà dit, fait, dessiné et signifié. Elle n’a qu’à entrer dans le moule pour avoir une vie soi disant parfaite.

Mais moi je souhaite une autre réalité pour les femmes. Je souhaite qu’elles aient la joie de vivre pour elles-mêmes, qu’elles pensent à ce dont elles ont envie pour elles, pour leur vie, qu’elles pensent à leur joie et à leur bonheur. Bien sûr, j’ai conscience que toute vie sur terre, qu’elle soit vécue par les hommes ou par les femmes, nous fait passer par des épisodes tendres et moins tendres. A cause des choix effectués dans leur vie, les humains doivent être capables d’assumer les conséquences de leur choix, c’est aussi cela être responsable et mûr. Je souhaite donc que les femmes soient capables de vivre pour elles-mêmes et non pas pour les yeux de la société et pour le plaisir de leur entourage, et que tous, hommes et femmes l’acceptent.

Voyez-vous, en ce qui concerne les fillettes, très tôt les parents lui soufflent déjà ce qu’elle doit être, comment elle doit se comporter et ce qu’elle devra exercer comme métier. Elle grandit avec ça sans arrêt. Plus tard, ses parents (sa mère surtout) lui dicte quel genre d’homme elle devrait épouser pour ne pas lui ressembler. Et si elle tarde trop à se marier et à faire des enfants, elle subit une pression immense et insoutenable. Lorsqu’elle commence à travailler, on lui en demande toujours plus, comme si elle devait prouver qu’elle est capable en fournissant plus d’efforts que ses collègues hommes. Et parfois, elle doit passer par la case du harcèlement moral et/ou sexuel. Là aussi, on lui demande de s’adapter et d’être donc toujours parfaite.

Une fois mariée, si elle est ambitieuse, si elle veut s’engager dans son travail et dans la société, elle risque de lutter contre un homme qui ne supporte pas une femme qui se comporte  » comme un homme ». Cet homme aura son mot à dire chaque fois qu’elle voudra aller en mission, se former, accepter une responsabilité et même simplement pour pouvoir participer à une réunion qui risque de finir un peu tard. Au Congo, la loi permet au conjoint de donner son avis et même d’écrire une lettre pour autoriser à son épouse de voyager. (Cliquer sur le formulaire « conjoints de français ») Si elle ose se positionner en se révélant autonome et indépendante, quoi qu’on en pense le compagnon aura toujours raison, peu de personnes iront l’encourager et la soutenir. Elle devra à ce moment-là avoir le courage de choisir, entre un homme (qui ne l’accepte pas telle qu’elle est), et ses aspirations personnelles, bref faire un choix de vie. Malheureusement, il est fort possible que, pour avoir la quiétude à laquelle aspire tout être humain, il lui faudra ressembler à ce qu’aura décidé l’homme qui partage sa vie

Ce billet est ma manière d’encourager les femmes qui osent vivre leur vie et qui ne se laissent pas écraser par la société et par un entourage qui passe son temps à leur dicter un comportement et à leur tracer d’avance une destinée. C’est le cas de Madeleine K, la cinquantaine révolue, qui travaille dans une entreprise de la place. Elle n’a pas eu d’enfant par choix.  Cependant, me dit-elle  « Ce choix n’a jamais été accepté  dans ma famille et ma société. J’ai passé ma vie à expliquer pourquoi je n’ai jamais voulu devenir mère ». Elle m’a confié que tout le monde n’arrêtait pas de lui dire qu’en réalité elle cachait le vrai problème, sa stérilité. Parce qu’une africaine ne peut pas faire un tel choix. « C’est trop égoïste et c’est l’influence de l’Occident ». Or, être femme mérite aussi qu’on vive sa vie en réalisant ses rêves et en assumant les conséquences des choix que l’on fait. Je rêve d’une société qui arrête d’infantiliser les femmes et qui arrête de les cantonner dans des rôles tout faits et des stéréotypes qui ne leur correspondent pas

Les femmes sont capables de choisir leur vie ! Se marier ou pas, faire des enfants ou pas. Choisir un métier ou une activité qui leur plait et favorise leur épanouissement. Que les femmes ne soient plus de simples comédiennes pour, toute leur vie, répondre aux désirx des autres alors que ce ne sont pas les leurs.

Bon maintenant vous le savez, je ne suis pas féministe.

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Commentaires

Amadou
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Beau plaidoyer. La place de la femme dans la société africaine continue encore de faire couler encre et salive. Ce billet en est un exemple ;)